vendredi 24 février 2017

Le déracinement


Ce post aurait aussi pu s'appeler "Né à Mulhouse". Nous sommes en effet tous les quatre nés à Mulhouse (ou presque, c'est Sierentz pour Chris... mais vous accepterez cette imprécision, la nuance étant minime), et nous sommes construits autour de cette ville au passé industriel du sud de l'Alsace, souvent critiquée ou comparée à ses consoeurs alsaciennes plus charmantes, mais qui compte pour nous aujourd'hui.

Alors oui, lorsqu'il a fallu quitter cette région, tant pour les enfants qui n'y avaient passé qu'une quinzaine d'années que pour nous qui en avions passé plus de quarante, ça a été un déracinement.
Voici quelques réflexions qui me viennent en repensant à ce changement dans notre vie :

Nos chers repères

Je pense que, pour nos repères comme pour de nombreux autres sujets, on ne se rend compte de leur importance que lorsqu'on ne les a plus. Je n'avais d'ailleurs même pas conscience de profiter de ces repères, tellement rassurants. Des repères géographiques évidemment, mais également culturels (ah l'Alsace !) ou encore sociaux. Oui, mais repère rime avec pépère... et notre inconscient nous a suggéré de tenter une nouvelle aventure !

Anonyme

Voilà une notion que je n'avais pas anticipée ! Mais lorsqu'on arrive (de Steinbrunn-le-bas) à quatre dans une métropole de 2 millions d'habitants, on devient brutalement anonyme. Je vous livre l'anecdote qui m'a fait prendre conscience de cela : lorsque je faisais mon footing le dimanche matin dans le Waldeck, je croisais toujours une connaissance : un ami d'enfance, un copain d'armée (oui... là aussi, je ne me suis pas trop éloigné de Mulhouse), un collègue de travail, un voisin, des amis... bref, mon parcours était agrémenté de quelques rencontres plutôt sympa. Arrivé à Lille, mon footing était bien moins "social". C'est ainsi que j'ai pris conscience de notre nouveau statut d' "anonymes". 
Alors évidemment, mes sorties dominicales étaient plutôt moroses au départ... jusqu'à ce que je m'aperçoive que nous étions des milliers d'anonymes. Et je crois qu'il y a une espèce de bienveillance spontanée et naturelle entre anonymes ;) Il y a également une simplicité dans la relation entre personnes authentiques, libérées du "qu'en dira-t-on ?". Alors oui, cet anonymat a du bon, tant qu'il ne plonge personne dans la solitude. 


Notre réseau

J'ai hésité un peu, mais je vous propose mon jeu de mots : il faut du réseau pour entretenir son réseau.
Entendez par là que les technologies de communications sont absolument fabuleuses pour rester en contact avec sa famille, ses amis, ses connaissances. Et une fois encore, c'est lorsqu'on ne les a plus qu'on mesure leur importance ! Je reviendrai sur ce sujet, et le développerai dans d'autres post (je vous ai promis un "les handicapés de la relation sociale" et "la valeur des amis et de la famille").

Comme en vacances

Je ne sais pas si ça vous le fait aussi... mais j'adore découvrir un endroit lorsque je pars en vacances ! Il y a une espèce d'excitation qui s'installe, à essayer de trouver quelque chose d'exceptionnel, de beau, de pratique, d'inédit, de nouveau, de sensationnel. Et je pense que nous sommes tous un peu curieux.
Eh bien, changez de région ! Vous aurez cet agréable sentiment pendant plusieurs semaines ou mois. Découvrir chaque jour, chaque week-end ! Relever quotidiennement un nouveau challenge de dingue : trouver un boulanger le lundi, la déchetterie le mardi, un cinéma le mercredi, un médecin le jeudi, La Poste le vendredi, le centre ville le samedi et une église le dimanche :) ..et la semaine suivante, ça recommence ! Théâtre, boucher, salle de sport, coiffeur, préfecture, transports en commun, restaurant, pressing... j'arrête, je pense que vous avez compris. 


Avec un peu de recul, ça a été particulièrement violent... et tellement excitant !
L'honnêteté de nos garçons les a amenés rapidement (il me semble 6 mois après notre départ) à nous remercier de les avoir contraints à déménager, parce qu'ils avaient appris beaucoup. Alors évidemment, tout n'a pas été facile et aussi lisse que ce que les quelques lignes ci-dessus laissent transpirer... mais on ne retient que le bon, non ?

1 commentaire:

  1. Entièrement d'accord avec toi! Ce n'est pas forcément évident au début de se refaire une "vie sociale" mais au bout d'un an et demi, je continue à découvrir de nouveaux coins, des nouveaux commerces etc et rien que le fait de savoir aller à un nouvel endroit sans gps c'est excitant! (oui je suis blonde et j'ai un sens de l'orientation à tomber par terre...)

    Bisous les Nussbos :)

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