dimanche 22 novembre 2015
Insouciance chérie
"Le 12 novembre est définitivement une bonne date" titrait mon dernier post sur ce blog. Je n'imaginais évidemment pas que ce titre prendrait un tel sens après les évènements tragiques survenus le lendemain soir à Paris. Je pense que si nous en avions les moyens, nous serions nombreux à vouloir revivre encore et encore ce 12 novembre, et arrêter l'histoire ce jour là !
Pas envie d'y penser
C'est exactement cela : je n'avais d'abord pas envie d'y penser, à ces attentats. Pas envie d'y réfléchir, pas envie d'analyser. Encore de la paresse ? Au fond de moi, je savais que je ne pourrais pas passer sous silence ces attaques meurtrières ici, sur ce blog. Alors j'ai essayé de comprendre mon attitude de "fuite".
Les attentats de Charlie en début d'année nous avaient tous émus, voire bouleversés. S'attaquer à notre liberté d'expression ? Hors de question. Cela restait cependant facile à décréter, assis confortablement au fond de nos fauteuils, en changeant nos photos de profil sur Facebook... Les cibles, c'étaient les autres : des journalistes engagés, exposés, et prévenus du danger.
Vendredi dernier, les cibles étaient des personnes attablées à une terrasse, des spectateurs d'un match de foot ou d'un concert : en clair, des personnes semblables à vous et moi, qui sont exposées n'importe quand, et n'importe où. Voilà ce qui a changé : nous sommes désormais potentiellement concernés personnellement. Evidemment, lorsqu'on habite à la campagne ou dans une ville de province, il semblerait que le risque soit moindre. Il n'empêche : le risque est présent dans nos esprits.
Je crois que ne vous avait pas encore dit ici que je prends des cours d'allemand. Ceux-ci se déroulent à Paris. J'y vais actuellement une fois par semaine, en train. J'y étais vendredi dernier. J'y serai la semaine prochaine. Et, malgré moi, j'ai pensé à ce moment où je serai dans la gare du Nord, puis dans les rues de la capitale. Alors que j'y allais sereinement, en toute insouciance jusqu'à la semaine dernière, ça ne sera désormais plus comme avant.
C'est de cette insouciance là que je veux parler dans le titre. Faire ce que je veux, quand je veux, comme je veux, sans aucune arrière pensée. Acheter un billet de concert en toute quiétude, participer à un évènement sportif en toute sérénité, boire un verre en ville sans réfléchir. Voilà ce qui nous a été volé.
Pas de panique cependant, je vais plutôt bien, je ne suis pas traumatisé. Et je suis certain d'oublier dans quelques semaines... comme la France entière avait oublié cet élan de solidarité qui était né sous le label "Je suis Charlie", et qui a disparu quelques semaines après à peine !
Le rôle des médias
Je souhaite aborder un autre sujet concernant ces évènements. C'est le rôle essentiel qu'ont les médias. Il dépasse très largement la mission d'information.
Je pense que mon expérience du week end dernier est intéressante. En effet, nous avions planifié une visite d'Amsterdam. Nous voilà installés confortablement dans le Thalys samedi matin, puis arrivés dans la capitale des Pays-Bas, dans laquelle nous n'avions pas de réseau cellulaire. Ballades à vélo, découverte de la ville, échanges en famille, petits restaurants sympas, tour de la ville en bateau... le tout, coupés des médias. Je reviendrai sur ce week end dans une autre publication, ce n'est pas le sujet ! Retour dimanche soir à Lille : nous retrouvons du réseau, la radio, internet, la télévision... et l'effroi général. Les événements tournent en boucle : on assiste à une surenchère du sujet qui fera la plus d'audience... et cette orgie de scoops terrorise la France, le monde. N'est-ce pas précisément l'objectif de nos assaillants ? Evidemment, il est difficile, voire impossible de maîtriser ce phénomène. Hors de question de filtrer l'information, alors je pense que c'est à nous de la filtrer ! Nous l'avons fait involontairement, et avons passé un week end bien meilleur que si nous étions restés derrière nos écrans ou haut parleurs à attendre les dernières nouvelles. A méditer ;)
Quand politique rime avec polémique
Enfin, alors que nous sommes encore dans l'émoi, les politiques profitent de l'occasion pour "faire de la politique". Entendez par là "essayer de gagner des voix pour son parti" en polémiquant. Si ce spectacle est plutôt amusant habituellement, je crois qu'il est des situations où une trêve s'impose. Ce show qu'on nous inflige est lamentable. Aurait-ce été un tel sacrifice que de raisonner simplement avec humanité, modestie et respect ? Visiblement oui. Il s'agirait de ne pas rater une seule occasion, aussi grave soit-elle, d'essayer d'écraser ses opposants afin d'essayer de gagner le pouvoir. Quelle tristesse :(
J'ai une nouvelle fois pu vérifier que c'est lorsqu'on perd quelque chose qu'on se rend compte de la valeur que ça avait... En effet, l'insouciance dans laquelle j'ai grandi a été égratignée la semaine dernière. Et je l'aime, cette insouciance ;)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Comme toi nous avions planifié un week-end à Londres à ce moment et nous nous sommes retrouvés dans la même situation que toi. Mais je ne l'ai pas vécu pareil...peut-être des restes de mon ancienne profession. J'étais à la recherche d'informations et je voulais être tenue au courant. Je n'ai pas l'impression d'avoir assisté à une orgie de scoops, je pense que les média ont retenu la leçon et se sont montrés beaucoup plus dignes des événements.
RépondreSupprimerCette insouciance qu'on a voulu ébranler ne nous dispense pas, pour moi, de se confronter aux faits bruts et moches qui ont eu lieu pour mieux aller de l'avant et apprécier de vivre dans cette légèreté que nous aimons tant.